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    Chantages ordinaires chez General Motors

    Jean-pierre
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    Se défoule à fond


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    Chantages ordinaires chez General Motors Empty Chantages ordinaires chez General Motors

    Message par Jean-pierre Jeu 4 Mai - 16:24

    Chez l’équipementier américain Delphi comme chez General Motors, les dirigeants veulent imposer baisses de salaires, réductions de l’assurance-maladie et des fonds de retraite… au nom de la défense de l’emploi. Mais ils empochent des primes vertigineuses.

    Quel mot employer pour décrire le marché proposé par la Delphi Corporation à ses salariés ? La direction du principal équipementier automobile des Etats-Unis a fait une proposition qu’on pourrait résumer ainsi à ses ouvriers pour les sortir de la situation dans laquelle elle les avait elle-même plongés : « Vous nous offrez les trois cinquièmes de votre paie et nous, nous augmenterons la nôtre d’un tiers. » Aux termes de cette « offre » insolite, le salaire de vingt-quatre mille ouvriers, tous syndiqués, aurait été réduit de 60 % et les prestations ouvertes par leurs cotisations radicalement restreintes, alors que les quatre principaux directeurs de Delphi auraient reçu, eux, plus de cinquante millions de dollars supplémentaires en salaires, primes diverses et plans d’achat d’actions. Quatre cent quatre-vingt-six cadres de haut niveau auraient, de leur côté, obtenu des versements en espèces représentant 30 % à 250 % de leur salaire. Qui plus est, on leur offrait un avantage supplémentaire : au cas où ils auraient choisi de quitter l’entreprise (ce qui, vu les cadeaux servis, eût représenté un choix peu compréhensible...), des indemnités de licenciement de cent quarante-cinq millions de dollars les attendaient (1). Il faut conserver à l’esprit que ce programme d’ensemble avait pour objectif d’éviter la faillite... Le paradoxe était d’autant plus éclatant que cette proposition si alléchante fut avancée quelques mois seulement après que le Parti républicain eut réussi à durcir les lois relatives aux banqueroutes, afin d’empêcher les particuliers endettés de se protéger trop facilement de leurs créanciers (de grosses sociétés, dans la plupart des cas). Pile, je gagne ; face, tu perds.

    Quand la presse commença à rendre publics quelques-uns des détails les plus sordides de la débâcle de Delphi, la direction fit mine de se raviser. Le PDG de la société, M. Robert S. Miller, spécialiste des « redressements » de grosses entreprises en difficulté, annonça que les vingt dirigeants de Delphi accepteraient des réductions de salaire de 10 % et que lui-même renoncerait à une année d’émoluments. Toutefois, il ajouta qu’il n’était pas question pour lui de restituer les trois millions de dollars que l’équipementier lui avait octroyés comme prime d’intéressement quelques mois plus tôt (2).

    Tel un parrain, Delphi avait fait une « offre » aux salariés, impossible à repousser. En cas de refus, le contrat autrefois négocié avec l’employeur serait purement et simplement annulé par un juge spécialiste des faillites. Cela lui aurait alors permis de piller le fonds de retraite du syndicat, comme il avait déjà menacé de le faire. Delphi hérita ce fonds de sa maison mère, General Motors, lorsque l’équipementier fut réorganisé en 1999 en entité « indépendante ». Un proverbe dit que « la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre ». Justement, la ressemblance entre parent et descendant apparut quand General Motors annonça au cours d’une conférence de presse un accord provisoire avec le syndicat des ouvriers de l’automobile, l’United Auto Workers (UAW). Avec cet accord, General Motors réduisait de trois milliards de dollars par an ses contributions à la couverture santé de ses salariés et de 24 % le montant de ses engagements en matière de remboursement des frais médicaux des retraités.

    Pour substantielle qu’elle soit, cette réduction ne suffit pas à apaiser les dieux de Wall Street. Quelques jours plus tard, lors d’une deuxième conférence de presse, General Motors fit donc savoir qu’il s’apprêtait à licencier 10 % de son personnel au cours de l’année 2006, supprimant trente mille emplois. Ensuite, ce fut la contagion : Ford, qui avait déjà annoncé la fermeture de dix usines en Amérique du Nord, la suppression de trente mille emplois d’ouvriers et de quatre mille postes d’employés en cinq ans, indiqua qu’il lui faudrait aussi augmenter la part des frais d’assurance médicale payée par son personnel. L’autre grand fabricant d’automobiles, Chrysler, avait déjà conclu un accord avec l’UAW pour réduire la couverture santé de près de la moitié de ses travailleurs syndiqués.

    Pour les ouvriers américains, la situation se résume à une mobilité sociale à l’envers, à un déclassement. Les coûts explosifs du système d’assurance médicale privée sont mis à la charge des travailleurs actifs ou retraités (3). Ne disposant pas d’un système de santé public et universel, ils sont en effet dépendants des assurances qu’achètent leurs employeurs. Mais, désormais, seuls 60 % des patrons continuent à les couvrir – ils étaient 69 % en 2000 – et cette part ne cesse de se réduire. Dans un pays où les prestations sociales relèvent assez peu souvent du gouvernement fédéral ou des Etats, l’essentiel dépend du marché du travail et de la puissance collective des salariés. Désormais, les employeurs ne consentent à financer une assurance sociale que pour attirer et conserver le personnel dont ils ont le plus besoin.

    L’origine d’une organisation de ce genre remonte à plus de soixante ans. Dans le contexte d’unité nationale consolidé par la seconde guerre mondiale et par l’existence d’un mouvement ouvrier qui exerçait alors une influence politique, les dirigeants ouvriers ont cherché à créer un système national d’assurance sociale. Cette tentative échoua.

    Assurance-maladie réduite
    Elle fut rapidement suivie par une législation du travail interdisant toute forme d’action trop militante, et isolant ou éliminant les chefs syndicalistes radicaux, au prétexte du combat contre le communisme. On assista ainsi à la naissance d’un mouvement ouvrier « domestiqué » qui renonça aux efforts visant à mettre sur pied un mécanisme national de protection sociale. S’appuyant sur une galaxie d’accords décentralisés pour compenser cette absence, il obtint, entreprise par entreprise, atelier par atelier, que l’employeur prenne à sa charge une bonne part d’un système de prestations sociales privées.

    Dès lors que ces prestations sont déterminées par le contrat de travail établi au niveau de l’usine plutôt que par branche ou en vertu d’accords nationaux, l’adhésion à un syndicat devient le passeport donnant accès à une citoyenneté sociale et permettant de bénéficier d’avantages issus de conventions collectives. Mais il résulte de tout cela un paysage social hautement diversifié.

    Dans les secteurs en majorité non syndiqués de l’agriculture et des services, on trouve une masse de travailleurs aux revenus proches du seuil de pauvreté, peu protégés contre la maladie ou le despotisme patronal. En revanche, dans le cœur manufacturier du pays (automobile, aciérie, équipement électrique, etc.), le taux de syndicalisation approche les 100 %, et les syndicats exercent une puissance qui permet de garantir à leurs membres des conditions de travail assez proches des normes sociales européennes.

    Depuis l’administration Roosevelt en 1935, les Etats-Unis disposent bien d’un système public de retraite. Mais son caractère minimaliste requiert qu’il soit complété par les employeurs. Or ceux-ci cherchent à échapper à cette contrainte, comme à celle de l’assurance-maladie de leurs salariés, chaque année plus coûteuse. Dorénavant, moins de la moitié de la main-d’œuvre du secteur privé dispose d’une retraite financée par l’entreprise (4).

    Mais, dans le public aussi, la remise en cause se généralise. Et c’est pour défendre leur protection sociale que plus de trente-trois mille employés des transports publics et du transport routier ont récemment recouru à une grève illégale à New York (5). Dans ce dernier cas, les grévistes ont refusé un système de retraite à deux niveaux, aux termes duquel les personnes récemment embauchées auraient dû régler des cotisations d’assurance-maladie plus élevées que celles de leurs aînés et auraient accepté que l’âge de leur départ à la retraite passe de 55 ans à 62 ans. Les employeurs américains ont souvent recours à ce type de contrat qui leur permet de mettre en cause les conditions de travail sur le long terme, en favorisant à court terme un clivage générationnel entre salariés.

    Les syndicats du secteur public, obligés eux aussi de défendre le niveau de vie de leurs membres, ne représentent que 16 % de la main-d’œuvre américaine. Mais c’est dans le secteur privé que le combat est le plus dur. Comme l’essentiel des dépenses sociales sont, aux Etats-Unis, assumées par les employeurs, la défaite d’un syndicat dans une entreprise peut entraîner d’énormes avantages comparatifs pour les actionnaires. Le secteur privé a donc été le terrain d’une confrontation brutale entre syndicat et patronat depuis plus de trois décennies. L’existence même du syndicalisme en dépend.

    Dans les grandes entreprises où les syndicats n’existent pas, comme à Wal-Mart, premier employeur privé du pays, les directions du personnel disposent souvent de « commandos » d’experts, pour l’essentiel des juristes et des consultants, prêts à être parachutés là où se manifesterait le moindre signe de militantisme ouvrier. Experts dans l’art de contourner les protections légales, souvent faibles, des employés et des syndicats, ces commandos ont aussi recours à des moyens de coercition plus brutaux pour empêcher la création d’une section syndicale : chaque année, plus de dix mille salariés sont licenciés pour ce motif. Bien qu’illégal, ce procédé est peu coûteux ; les pénalités financières auxquelles les entreprises sont condamnées restent presque toujours minimes. Mais l’effet des licenciements de ces militants syndicalistes pèse négativement sur la disposition à se battre des travailleurs non syndiqués.

    Là où le syndicalisme a assuré sa présence depuis plusieurs décennies, l’industrie automobile par exemple, les firmes privilégient la délocalisation des activités et le déplacement géographique des bassins technologiques afin de diminuer les coûts de main-d’œuvre. Résultats : le taux de syndicalisation national (déterminant dans un pays où les organisations ouvrières procurent à leurs membres de meilleures conditions de travail et de salaire) est tombé à 12,5 % (il était de 35 % dans les années 1950) ; l’emploi dans les grandes entreprises manufacturières a été divisé par deux en trente ans. La baisse du niveau de vie ouvrier découle largement de tout cela.

    En janvier dernier, la presse et la télévision américaines ont largement traité de la mort de douze mineurs en Virginie occidentale au cours d’une explosion (on les crut sauvés, avant de découvrir qu’ils étaient tous décédés). Mais peu de grands médias signalèrent qu’aucun de ces travailleurs n’était syndiqué.

    Autant dire qu’ils n’avaient guère de pouvoir et de protections dans une mine qui avait transgressé les règles de sécurité en vigueur deux cent soixante-dix fois rien que ces deux dernières années. Sans parler des neuf incidents survenus en 2005 qui avaient valu à l’entreprise d’être poursuivie pour non-respect des dispositions relatives à la prévention des incendies et des explosions. La société exploitante a été condamnée à payer vingt-quatre mille dollars d’amendes, un chiffre qu’il serait cruel de diviser par douze pour apprécier la valeur de la vie d’un mineur.

    Rick Fantasia.


    Dossier Travail

    Hier solidaires, désormais concurrents, par Danièle Linhart
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    Pour en savoir plus
    Chantages ordinaires chez General Motors, par Rick Fantasia
    Une scission annonciatrice... d’un printemps syndical ?, par Rick Fantasia
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    États-Unis (affaires intérieures)
    Automobile
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    Protection sociale
    Syndicalisme
    Transports
    Emploi

    (1) Gretchen Morgenson, « Oohs and ahs at Delphi’s circus », The New York Times, 13 novembre 2005.

    (2) En février 2006, le PDG de General Motors, les principaux dirigeants, les administrateurs et les actionnaires du groupe ont pareillement annoncé qu’ils consentiraient à une réduction de leur salaire et de leurs dividendes. Mais les salariés subiront l’essentiel des sacrifices.

    (3) Lire Olivier Appaix, « Les patrons américains en rêvent », Le Monde diplomatique, juillet 2004.

    (4) Lire George Ross, « Vers la privatisation du système des retraites aux Etats-Unis », Le Monde diplomatique, juin 2005.

    (5) Les employés des services publics new-yorkais n’ayant pas le droit de faire grève, un juge a condamné le syndicat des transports à une amende de trois millions de dollars. Chaque gréviste a par ailleurs été condamné à mille dollars d’amende. Mais ces sommes seront payées sans difficulté, compte tenu des conditions favorables que le syndicat des transports a obtenues en échange de l’arrêt du mouvement de grève.

    LE MONDE DIPLOMATIQUE | mars 2006 | Pages 20 et 21
    http://www.monde-diplomatique.fr/2006/03/FANTASIA/13300

    Impréssionant le système social américain j'avoue que je ne sais pas trop quoi dire car je manque un peu d'information sur les montant de salaire et sur les possibilités de prendre des assurance privée.

    Ça doit froid dans le dos aussi car on a vraiment l'impression que le marché de l'automobile américaine est sur le point d'imploser ou d'exploser.
    Jean-pierre
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    Message par Jean-pierre Jeu 4 Mai - 16:41

    Je vous mets celui la a la suite histoire de donner un peu de lecture supplémentaire.

    Vive les pétrolier américain.

    L'augmentation stupéfiante des prix de l'essence porte un coup énorme aux familles ouvrières américaines dont les salaires sont déjà grevés par toute une série de hausses de prix, allant des soins de santé, à l'éducation, en passant par les prix du logement et de la nourriture. En l'espace de ces deux dernières semaines, les prix à la pompe ont augmenté de près de 25 centimes de dollars ­ pour atteindre le prix moyen de $2,91 le gallon (3.7 litres) ­ avec des prix dépassant les $3,10 en Californie, New York et dans d'autres états.

    Quelques 70 pour cent des adultes américains récemment sondés ont dit que les prix de l'essence ­ qui ont augmenté de 31 pour cent depuis l'année dernière ­ étaient cause pour eux de difficultés financières. Des dizaines de millions de personnes aux Etats-Unis, forcés de faire de longs trajets en voiture pour se rendre au travail, ainsi que des personnes âgées ayant un revenu fixe, les habitants des campagnes et les dirigeants de petites entreprises sont accablés et cette crise pourrait conduire à des licenciements massifs dans les compagnies aériennes et les entreprises de transport routier et dans l'économie toute entière.

    Ce qui sous-tend cette crise est la contradiction fondamentale entre le développement des forces productives et les relations sociales du système capitaliste basé sur le profit, qui trouve son expression la brutale dans le maintien d'une économie basée sur le pétrole et devenant chaque jour plus incompatible avec les besoins humains et la vie elle-même.

    Après avoir prévenu les Américains qu'il leur fallait se préparer à un "été difficile", accusant les soi-disant «réserves en quantité limitée» pour justifier les prix qui pourraient grimper à plus de $4 le gallon dans les mois à venir, la riposte du président Bush à l'indignation croissante a été d'annoncer mardi une série de mesures pour la plupart dénuées de sens. Ces propositions ­ consistant à suspendre les lois de protection de l'environnement s'appliquant aux raffineurs de pétrole, à mettre un terme aux achats pour la réserve gouvernementale d'urgence et à donner aux compagnies pétrolières plus de temps pour rembourser leurs emprunts antérieurs de pétrole brut tiré de ces réserves ­ ne joueront pas vraiment, voire pas du tout, sur les prix, alors qu'elles servent la course effrénée pour le profit des conglomérats de l'énergie.

    Bill Frist, chef de la majorité sénatoriale, déclara qu'il n'y avait pas de «recette miracle» pour faire baisser les prix et conseilla aux Américains de régler leurs voitures et de conduire plus lentement pour rentabiliser leur plein. Pour des travailleurs qui voient leurs salaires grevés par le coût de longs transports pour se rendre au travail et rentrer chez eux, les remarques de Frist reviennent à dire «s'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche».

    Tandis que les compagnies pétrolières et leurs apologistes à Washington rejettent la responsabilité de ces hausses de prix sur les prix mondiaux du pétrole brut et les lois de protection de l'environnement, la cause principale en est la course au profit des compagnies pétrolières qui affichent des bénéfices exceptionnels. Ces dix dernières années, il y a eu une vague de fusions et de consolidations dans l'industrie pétrolière, ce qui a permis à une poignée de monopoles de resserrer leur étau sur l'approvisionnement, de manipuler les niveaux de production et de faire monter les prix. La crise actuelle est le résultat non pas de processus naturels des lois du marché, mais bien plutôt de décisions précises prises par des chefs d'entreprises qui ont des intérêts personnels de taille dans cette affaire.

    Dans les années 1990, les producteurs de pétrole se plaignaient d'un trop grand rendement du raffinage, trop grand et non pas trop petit, et d'un «surplus» qui faisait baisser les marges bénéficiaires. L'industrie a riposté en fermant, depuis 1995, 25 raffineries au Etats-Unis et en réduisant de 830 000 barils par jour le rendement. De plus, des rivaux ont conspiré pour contrôler la quantité de pétrole et d'essence sur le marché, éliminer les producteurs indépendants et consolider le contrôle des stocks et des prix entre les mains des monopoles du pétrole.

    En 2005, les cinq principales compagnies pétrolières- ExxonMobil, BP, Royal Dutch Shell, Chevron et ConocoPhillips ­ ont vu leurs bénéfices enfler jusqu'à plus de 111 milliards de dollars. Le géant du pétrole le plus important du monde, ExxonMobil, a gagné 36,1 milliards de dollars, soit la somme la plus élevée de toute l'histoire des entreprises américaines et plus de bénéfices que les quatre compagnies suivantes sur la liste du Fortune 500 à elles quatre. Avec 339 milliards de dollars, ses revenus excèdent le produit national brut de Taiwan, de Norvège et d'Argentine.

    Tandis que des millions de gens ordinaires sont mis en difficulté par l'augmentation du prix de l'essence, les cadres supérieurs et les investisseurs d'ExxonMobil récoltent des centaines de millions d'indemnités et d'actions dont la valeur est en augmentation. Lee R. Raymond, qui a pris sa retraite en décembre, a reçu plus de 400 millions de dollars au cours de sa dernière année de travail. Entre 1993 et 2005, Raymond recevait un salaire de plus de 686 millions de dollars, soit 144 573 dollars pour chaque journée passée à diriger l'entreprise basée au Texas. Pendant cette période, Raymond a manigancé l'acquisition de Mobil, donnant à ExxonMobil la capacité de produire deux fois plus de pétrole que le Koweït, et il a détruit 10 000 emplois.

    Le successeur de Raymond, Rex Tillerson, a vu son salaire augmenter de 33 pour cent l'année dernière pour atteindre 13 millions de dollars. Pour résumer, les cinq plus importants dirigeants d'Exxon ont gagné plus de 130 millions de dollars d'indemnités en 2005, possèdent plus de 280 millions de dollars de réserve à convertibilité limitée, et possèdent des actions d'une valeur de 113 millions de dollars. Les patrons du pétrole de toute l'industrie ont eu des récompenses similaires avec les prix du pétrole qui ont doublé ces deux dernières années.

    Ces entreprises et individus ont récolté une richesse massive en exploitant et en exacerbant la crise actuelle. Aucun d'entre eux n'a la moindre intention d'organiser l'immense effort social requis non seulement pour faire face à la demande actuelle, mais de façon plus essentielle, pour développer des sources d'énergie alternatives sûres et durables.

    Il est incontestable que la dépendance actuelle sur le pétrole est à la fois non viable et une menace fatale. Les réserves mondiales de pétrole brut sont limitées et ne peuvent que disparaître d'autant plus rapidement que des mesures sont prises pour accroître la production. Parallèlement, l'utilisation de ces combustibles fossiles est la cause fondamentale du réchauffement de la planète, qui ­ n'en déplaise à la suppression de la science par l'administration Bush ­ menace de rendre la terre inhabitable.

    De plus, la poursuite de cette ressource limitée a provoqué la poussée catastrophique du militarisme. C'est la cause principale de la guerre criminelle conduite par les Etats-Unis en Irak et qui a causé la mort de centaines de milliers d'Irakiens et de plus de 2 500 soldats américains. C'est aussi le moteur des préparatifs déclarés d'une nouvelle guerre contre l'Iran, ainsi que des plans pour une confrontation militaire avec la Chine dont l'économie en pleine expansion fait d'elle une rivale pour le contrôle des réserves énergétiques mondiales.


    Le meilleur gouvernement que l'argent du pétrole peut acheter

    L'augmentation des prix de l'essence a encouragé les politiciens, Démocrates et Républicains confondus, à demander des enquêtes sur ces escroqueries sur les prix, voire même dans certains cas à chercher des lois pour imposer sur les entreprises pétrolières un «impôt sur les bénéfices exceptionnels». Il ne sortira rien de bon de cette posture qui n'est prise que pour la galerie.

    Les magnats du pétrole exercent depuis longtemps une influence énorme sur les deux partis politiques de Washington, mais le degré de contrôle politique qu'ils exercent aujourd'hui réduit à peu de chose celui qu'ils possédaient à l'époque de John D. Rockefeller et son Standard Oil du début du siècle dernier. Avec deux anciens patrons de l'industrie pétrolière texane à la Maison Blanche et les voix des sénateurs et députés du Congrès lubrifiées par des centaines de millions de dollars de contributions de campagne électorale et d'efforts pour faire pression sur les deux partis, les magnats du pétrole n'ont rien à craindre. Les gouvernements Démocrate et Républicain ont tous deux fourni aux compagnies pétrolières des subventions et des réductions d'impôt massives, suspendu des lois pour la sécurité et la protection de l'environnement et accordé les services de l'armée américaine, telle une quasi armée privée, pour garder les champs pétrolifères et les pipelines de ces compagnies à travers le monde.

    L'ancien PDG d'ExxonMobil, Raymond, proche allié du gouvernement Bush, a aidé à formuler la politique concernant le forage dans l'Arctic National Wildlife Refuge et à contrer toutes les mesures destinées à réduire le réchauffement de la planète. En 2001, sa compagnie était un participant clé de l'Energy Task Force du vice président Cheney, qui discutait, entre autres, des champs pétrolifères d'Irak et du danger que, à la fin des sanctions des Nations Unies, les réserves du pays, pour la plupart non exploitées, puissent tomber entre les mains des rivaux russes, chinois ou français, au lieu des compagnies pétrolières américaines ou britanniques.

    En mars dernier, le Comité judiciaire du sénat a tenu une réunion publique pour soi-disant «enquêter» sur l'escroquerie sur les prix, opérée par les compagnies pétrolières. Une fois de plus, les politiciens Démocrates ont pontifié sur «la cupidité des entreprises» et ont agité le doigt en direction des dirigeants pétroliers qui témoignaient. Dans ses remarques, Rex Tillerson, le nouveau PDG d'ExxonMobil, a raillé les gestes d'impuissance, rappelant aux sénateurs, «je soupçonne les personnes de ce comité d'avoir bénéficié de notre succès de l'an dernier.» Cet homme qui avait toute sa vie travaillé dans le monde du pétrole savait de quoi il parlait : il y avait parmi les riches sénateurs, membres du comité, le sénateur Républicain d'Arizona Jon Kyl, gros actionnaire d'Exxon défenseur de longue date des intérêts de l'industrie.


    Le programme du Parti de l'égalité socialiste

    Dans une situation où le niveau de vie de centaines de millions de travailleurs aux Etats Unis baisse du fait de la hausse du prix des carburants, des mesures doivent être prises immédiatement pour reprendre le contrôle des prix du carburant.

    En même temps, on ne peut pas remettre à plus tard la tâche de plus grande envergure qui consiste à développer des sources d'énergie alternatives et à confronter la menace posée par le réchauffement de la planète.

    On ne peut apporter de réponse à court terme à la crise actuelle du prix de l'essence, ni de solution à plus long terme de remplacement d'une économie non viable basée sur le pétrole, sans s'attaquer directement au système capitaliste et aux puissants intérêts sociaux, financiers et politiques qui sont derrière la politique des magnats du pétrole.

    Le Parti de l'égalité socialiste avance une politique qui place les besoins sociaux avant les profits. Nous exigeons le plafonnement immédiat du prix de l'essence à $1.50 le gallon pour les particuliers et les petites et moyennes entreprises.

    Il faut mettre fin à l'exploitation de cette crise permettant aux grandes entreprises de faire des bénéfices et l'accumulation de richesse privée. Il faut considérer de façon objective les actions des magnats du pétrole pour ce qu'elles sont:un comportement criminel et antisocial. Il faut procéder à des enquêtes criminelles sur les pratiques des compagnies pétrolières géantes, en vérifiant les comptes personnels de tous leurs cadres dirigeants. Il faut exproprier et placer dans des fonds sous contrôle public les bénéfices massifs enregistrés par les compagnies pétrolières l'année dernière ainsi que les obscènes forfaits compensatoires de plusieurs milliers de millions de dollars payés aux cadres.

    Ces mesures à court terme doivent se combiner avec un changement fondamental dans la structure et l'organisation de l'industrie de l'énergie. Les Américains, et en fait les gens du monde entier sont les otages de la course aux profits des vastes conglomérats énergétiques qui menacent d'imposer au monde entier une baisse du niveau de vie, la destruction de l'environnement et la guerre. Il est nécessaire de briser cette mainmise en nationalisant les conglomérats énergétiques, c'est-à-dire en faisant d'ExonMobil, Chevron,ConocoPhillips, etc, des services publics sous contrôle démocratique.

    Cela commencerait par rendre disponibles les ressources financières nécessaires pour lancer un effort internationalement coordonné de multi-milliards de dollars en vue de développer des sources d'énergie alternatives et de confronter le danger posé à l'environnement et à l'avenir de l'humanité.

    A l'opposé des "trucages"délibérés du marché destinés à enrichir l'élite fortunée, l'exploration, le développement et l'utilisation des stocks d'énergie doivent être guidés par un plan international rationnel, publiquement débattu et démocratiquement approuvé par la classe ouvrière. Ce plan doit répondre aux besoins des gens d'une énergie renouvelable, à bas prix et ne présentant pas de danger pour l'environnement.

    Dans leur tentative de s'assurer de vastes profits, les monopoles énergétiques et les industries automobiles conspirent depuis longtemps à empêcher le développement de transports publics sûrs, et par le passé ont démantelé les systèmes de transport existants. Un plan rationnel pour l'utilisation de l'énergie doit, entre autres, consacrer des milliards de dollars à des systèmes de transports urbains de masse et ferroviaires, ainsi qu'au développement de véhicules économiques.

    Ces idées ne sont pas utopiques.Elles sont absolument nécessaires pour l'avenir de l'humanité. Elles nécessitent cependant que les travailleurs affirment que leurs droits - à un niveau de vie décent, à des emplois stables, à un environnement propre et un avenir sans guerre ­ aient la priorité sur les profits et les droits à la propriété de l'élite dirigeante américaine.Pour accomplir ceci, la classe ouvrière doit construire son propre instrument politique ­ un parti socialiste de masse ­ pour mettre fin au monopole des deux partis représentant les grandes entreprises et le système capitaliste dépassé et en faillite qu'ils défendent. Telle est la perspective du Parti de l'égalité socialiste et de nos candidats qui se présentent aux élections de 2006

      La date/heure actuelle est Mar 7 Mai - 4:56