CAGLIARI, Sardaigne, 22 septembre (Reuters) - Le pape François a prononcé dimanche l'une de ses plus vives critiques à l'égard le système économique mondialisé, estimant que celui-ci ne pouvait plus se fonder sur "un dieu appelé argent".
En visite pour une journée en Sardaigne, le souverain pontife a délaissé le texte qu'il avait préparé avant de rencontrer des ouvriers au chômage et des mineurs venus lui parler de leur condition et s'est exprimé spontanément pendant une vingtaine de minutes.
"J'ai trouvé de la souffrance, ici (...) On vous affaiblit et on vous vole votre espoir. Excusez-moi si j'emploie des mots forts mais où il n'y a pas de travail, il n'y a pas de dignité", a-t-il déclaré.
Une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes rassemblées sur une place près du port de Cagliari a scandé "du travail, du travail, du travail" dans une ambiance proche d'un meeting syndical.
Cagliari connaît un chômage qui touche plus de 50% des jeunes tandis que les secteurs minier et industriel sont durement éprouvés par la crise.
"Il ne s'agit pas d'un problème propre à l'Italie ou à l'Europe", a dit le pape François. "C'est la conséquence d'un choix mondial, d'un système économique qui provoque cette tragédie, un système au centre duquel se trouve une idole appelée argent", a-t-il lancé à la foule qui a accueilli ses propos avec enthousiasme.
"Nous ne voulons pas de ce système économique mondialisé qui nous fait tant de mal. Hommes et femmes doivent être au centre (du système économique) comme Dieu le veut, et non pas l'argent", a-t-il encore dit.
Le Saint-Père a achevé cette allocution improvisée en appelant à la prière et en demandant à Dieu de donner du travail à chacun et de lui "apprendre à lutter pour ce travail".
Le pape a expliqué qu'il ne tenait pas à apparaître comme un "gestionnaire cordial de l'Eglise" catholique qui se contenterait de s'adresser à la foule pour qu'elle fasse preuve de courage.
"Ce n'est pas ce que je veux. Je veux que ce courage vienne du fond de moi et me pousse à faire tout ce qui est en mon pouvoir en tant que berger et en tant qu'homme", a-t-il dit.
(Philip Pullella; Pierre Sérisier pour le service français) )
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